La création de la chapelle Sainte Cécile
Le quartier correspondant à l’actuelle paroisse de Saint-Gabriel était avant 1914 une fraction réduite et très déshéritée de l’importante paroisse de l’Immaculée-Conception, située principalement dans le 12ème de l’autre côté du Cours de Vincennes. C’est le premier curé de l’Immaculée-Conception, le Chanoine Olmer, qui décida une première implantation religieuse au Petit-Charonne, au 48 rue des Pyrénées, sous la forme d’un dispensaire confié aux Soeurs du Très-Saint-Sauveur et auquel fut adjointe une petite chapelle. Un des successeurs du Chanoine Olmer, le P. Coriton, fut bouleversé par la détresse de cette zone laissée pour compte. Il décida en 1911 de construire une chapelle dédiée à Sainte-Cécile, au 81 rue de la Plaine, à l’emplacement d’un vieux hangar à pommes de terre. Le 8 juin 1913, le Cardinal Amette vint bénir la nouvelle chapelle. A titre provisoire, le P. Coriton confia à l’un de ses vicaires, le P. Malard, la charge de desservir cette chapelle.
L’arrivée des Pères des Sacrés-Coeurs
Le 2 août 1914 commence la première guerre mondiale. Très rapidement le gouvernement suspend l’application des lois de 1904 sur l’expulsion des congrégations religieuses, pour permettre aux jeunes religieux de rejoindre leurs régiments. Or la Congrégation des Pères des Sacrés-Coeurs de Jésus et Marie était bien connue de l’Immaculée-Conception, puisque, au 19ème siècle, sa maison-mère était située sur le territoire de cette paroisse, rue de Picpus. Aussi le P. Coriton confia-t-il la chapelle Sainte-Cécile à l’un des Pères de cette Congrégation, le P. Paul Julliotte, qui venait de l’île de Molokaï, où il avait été l’un des successeurs du Bienheureux P. Damien, l’apôtre des lépreux.
Les premières années : développement et difficultés
Les premières années ne furent pas simples, entre les craintes des Soeurs du Très-Saint-Sauveur de voir leur rôle devenir moins important, et celles des paroissiens de l’Immaculée-Conception de voir se développer l’embryon d’une paroisse sécessionniste. Mais au départ du P. Julliotte pour la Chine, en 1918, la vie autour de la chapelle Sainte-Cécile était bien lancée : catéchisme florissant, patronage, colonies de vacances, cours ménagers…
Entre 1918 et 1927, Sainte-Cécile vit une période difficile. Le successeur du P. Julliotte, le P. Orens Saint-Cricq, est malade. Les Soeurs se replient sur leur dispensaire du 48 rue des Pyrénées. Pour pallier les difficultés financières, une vente de charité, ancêtre des actuelles Journées d’Amitié, est instituée. Parallèlement, le presbytère s’établit à côté de la chapelle, au 81 rue de la Plaine.
En 1927, la santé du P. Saint-Cricq déclinant, c’est le P. Claude Cevaer qui prend le relais, avec le concours du P. Damien Lacouture pour le patronage des garçons. Les activités se développent : cinéma, scoutisme, jeux au bois de Vincennes, JOC…
La décision de construire une nouvelle église
En 1932, le Cardinal Verdier visite la chapelle Sainte-Cécile. La foule est si dense qu’il peut difficilement franchir la porte. La décision d’édifier une église paroissiale est alors prise. La réalisation fut facilitée par l’intervention de Madame Dumay, veuve de M. Gabriel Dumay, dernier directeur des Cultes sous le régime du Concordat, qui apporta 800 000 F (près de 500 000 euros actuels). En remerciement de ce geste généreux, la nouvelle église fut dédiée à Saint-Gabriel.
L’église Saint Gabriel
L’église Saint-Gabriel a été construite à l’emplacement de l’ancienne usine à gaz démolie en 1932-1933. Grâce en particulier à l’action de M. Levilain, conseiller municipal et président de la commission des travaux de la Ville de Paris, le terrain nécessaire a pu être libéré et concédé sur une superficie de 1634 m2.
La première pierre de l’édifice (scellée dans le côté droit du choeur) fut posée par le Cardinal Verdier le 4 septembre 1934.
Les travaux ayant été menés rapidement, la nouvelle église fut bénie, toujours par le Cardinal Verdier, le 27 octobre 1935, et la première messe célébrée le jour de la Toussaint, 1er novembre 1935. La cérémonie de dédicace fut reportée après la date d’édification du clocher. Mais celui-ci n’ayant jamais été construit, entre autres à cause de la seconde guerre mondiale, il n’y a pas eu de dédicace de l’église. La chapelle Sainte-Cécile fut désaffectée en 1936 et démolie en 1966 pour laisser la place aux bâtiments paroissiaux actuels.
Ce n’est qu’en 1938 que Saint-Gabriel fut érigée en paroisse indépendante de sa paroisse-mère, l’Immaculée-Conception. Elle fut confiée à son premier curé, le P. Claude Cevaer, qui était précédemment administrateur de Sainte-Cécile, puis de Saint-Gabriel, et qui le resta jusqu’en 1951.
Depuis 1951 se sont succédé huit curés, tous Pères des Sacrés-Coeurs :
– le P. Urbain Tromeur (1951-1955)
– le P. Léopold Le Gall (1955-1964)
– le P. Jean-Marie Jolivet (1964-1978)
– le P. Ange Legeard (1978-1984)
– le P. André Lerenard (1984-1993)
– le P. Michel Cerles (1993-1997)
– le P. Paul Salaün (1997-2003)
– le P. Roger Tanguy (2003-2008)
– le P. Alphonse Fraboulet (2008-2014)
– le P. Bertrand Cherrier (depuis 2014)
Les équipes sacerdotales successives ont atteint leur effectif maximum en 1965:
Pas moins de sept prêtres, dont deux étaient à temps plein aumôniers des lycées Hélène Boucher et Maurice Ravel, desservaient alors la paroisse. L’effectif est actuellement plus réduit : quatre prêtres.
En plus de l’église, la paroisse dispose de divers bâtiments:
– au 68 rue de Lagny, les locaux de l’Aumônerie des Lycées et Collèges du Sud-20ème, accolés à l’église,
– au 81 rue de la Plaine, le presbytère et le centre paroissial,
– au 45 rue des Maraîchers, la Maison des Etudiants, qui accueille une communauté de huit étudiants (quatre garçons et quatre filles) qui consacrent une partie de leurs loisirs à l’animation de l’Aumônerie.La superficie couverte par le bâtiment de l’église et de ses annexes (en particulier l’aumônerie) est voisine de 1100 m2, donnant une capacité d’accueil de près de 800 places.
Architecte : Louis Murcier.
Entrepreneur : Auguste Fabre.
Un quartier – Une paroisse
Le territoire de la paroisse était autrefois appelé le quartier du « Petit-Charonne ». Ce coin frontière du 20ème, mitoyen avec les 11ème à l’Ouest et 12ème au Sud et avec le village de Saint-Mandé à l’Est, était au début du 20ème siècle une zone mal famée, un véritable « bidonville » selon le P. Cevaer, le premier curé de Saint-Gabriel. Il comprenait, outre les anciennes fortifications, le dépôt des tramways de la Compagnie des Omnibus et une usine à gaz.
Deux grandes périodes sont à distinguer
– 1911-1936 : une chapelle, dédiée à sainte Cécile et dépendant de la paroisse de l’Immaculée-Conception, est implantée au 81 rue de la Plaine pour desservir le quartier du » Petit-Charonne « ,
– depuis 1936 : Saint-Gabriel devient une paroisse autonome et l’église Saint-Gabriel remplace la chapelle Sainte-Cécile.
Une première évolution se produisit dans les années 1930, avec la construction du lycée Hélène-Boucher, de l’église Saint-Gabriel et des premiers îlots décents d’habitation. Le quartier conservait cependant son caractère populaire et un type d’activités principalement consacrées à l’artisanat et aux petites industries. La seconde période de transformation se situe à partir des années 1970 et se poursuit encore maintenant : le quartier tend à devenir une zone résidentielle, avec la multiplication d’immeubles modernes, en particulier sur le secteur occupé précédemment par la gare de Charonne, et l’arrivée d’une importante population de cadres.
Cette transformation économique et démographique n’a pas été sans poser des problèmes sociaux délicats. Mais, s’étendant sur plusieurs décennies, elle a présenté l’intérêt de faire de l’église paroissiale un point privilégié de rencontre entre des milieux humains bien distincts. La diversité de sa composition constitue pour la communauté paroissiale une richesse ressentie comme telle, socialement et spirituellement, par beaucoup de ses membres.