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LETTRES ET CARNETS DE HANS ET SOPHIE SCHOLL

Munich. Le 22 février 1943, âgés respectivement de 24 et 21 ans, après une parodie de procès qui fit suite à leur arrestation, pris en flagrant délit de distribution de tracts anti-nazis, Hans et Sophie Scholl furent condamnés à être guillotinés. Malgré le recours en grâce déposé par leur père, le verdict fut aussitôt exécuté.
C’était le sixième tract qu’ils avaient rédigé et tenté de diffuser, eux et les autres membres d‘un groupe de résistance au nazisme qui avait pris, au moins dans un premier temps, le nom de « Rose Blanche ». On l’ignore, mais en Allemagne, durant toute la période nazie, et tout particulièrement pendant la guerre, il y eut des groupes plus ou moins bien constitués de résistance. La « Rose Blanche » n’était pas un cas unique. Malgré les terribles dangers qui les menaçaient, des Allemands eurent le courage, au péril de leur vie, de dénoncer d’une manière ou d’une autre les folies mortifères initiées et aggravées au fil du temps par Hitler et ses adeptes.
Parmi ceux-ci, on peut distinguer, sans dresser d’eux un portrait hagiographique, les deux enfants Scholl, Hans et Sophie. Ni l’un ni l’autre n’étaient des saints, contrairement à ce que leur soeur Inge voulut transmettre d’eux, et, d’une certaine façon, l’on peut dire : tant mieux! C’étaient des jeunes gens presque ordinaires, mais jetés dans les troubles d’une époque si perturbante qu’elle ne laissait pas de place à l’indifférence. Hans et Sophie Scholl en ont pris conscience petit à petit, chacun à son rythme et à sa manière, et ils ont eu l’audace (ou la naïveté, diront certains) d’oser appeler leurs compatriotes à se rebeller contre l’ordre nouveau voulu par Hitler.
La lecture de leurs lettres et de leurs journaux intimes, sans mettre en lumière tous leurs débats intérieurs, laisse cependant percevoir comment leurs pensées, à tous deux, ont évolué. Bien des choses sont dites ou simplement suggérées, mais l’on sent bien que tous deux sont habités du désir profond de renaître, de participer à la renaissance d’une autre Allemagne, transformée intellectuellement et spirituellement. Car tous deux, mais Sophie davantage que Hans, témoignent aussi d’un profond cheminement spirituel, traversé d’épreuves et de crises, mais tout entier marqué par le désir de Dieu.Comme l’écrit Sophie dans son Journal à la date du 6 novembre 1941, « si Dieu ne veut pas m’aider, j’aurai la foi quand même ».
C’est en 2005, à l’occasion de la sortie sur les écrans d’un film de Mark Rothemund (« Sophie Scholl – les derniers jours« ) que j’ai découvert avec émotion ces jeunes gens. J’en ai été si impressionné que je me suis juré de ne pas rater une occasion de parler d’eux et de les faire davantage connaître. Ils le méritent amplement, j’en suis convaincu.

« Hans et Sophie Scholl, Lettres et Carnets, Le Livre de Poche, 478 pages »

Luc Schweitzer, sscc