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LE MIROIR DE JÉSUS

Une œuvre musicale d’André Caplet.

 

 

Alors que nous entrons dans la Semaine Sainte, qui que nous soyons, chrétiens ou non, pratiquants ou non, pourquoi ne pas nous mettre à l’écoute d’une des nombreuses œuvres sacrées du répertoire musical ? La musique a ce don, cette capacité de pouvoir toucher même ceux qui ne croient pas. Il y a, bien sûr, la possibilité d’écouter ou de réécouter des chefs d’œuvre dont on n’a plus à vanter les qualités, à commencer par les Passions de Jean-Sébastien Bach ou Le Messie de Haendel.

Mais on peut aussi sortir des sentiers battus pour se laisser toucher par des œuvres beaucoup moins connues, mais qui n’en sont pas moins belles. Celle que je propose aujourd’hui date d’il y a tout juste un siècle et elle vient d’être éditée dans une interprétation nouvelle. Elle fut écrite entre avril et septembre 1923 par André Caplet (1878-1925) et fut donnée pour la première fois, dans sa version pour chœur, soliste, orchestre à cordes et deux harpes (il existe également une version de musique de chambre) à Lyon le 22 février 1924.

Imprégnée d’un profond mysticisme, composée par un homme à la foi sincère, le livret étant écrit par Henri Ghéon (1875-1944), c’est une œuvre qui, se basant sur les mystères du Rosaire, peut émouvoir tout auditeur par sa simple beauté. Chacun des trois groupes de mystères, rebaptisés ici « Miroirs », est précédé par un superbe prélude orchestral puis segmenté en cinq parties : pour le Miroir de Joie, l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation de Jésus au Temple et le Recouvrement ; pour le Miroir de peine, l’Agonie au jardin, la Flagellation, le Couronnement d’épines, le Portement de croix et la Crucifixion ; pour le Miroir de gloire, la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de la Vierge.

À sa sortie, l’œuvre connut un grand succès, puis, le temps passant, elle tomba plus ou moins dans l’oubli, fut rarement donnée en concert. La nouvelle interprétation, qui vient de paraître, confiée à la mezzo-soprano Anke Vondung, au chœur de la radio bavaroise, à l’Orchestre de la Radio de Munich, le tout sous la direction de Howard Arman, contribuera, je le souhaite, à la faire découvrir ou redécouvrir et apprécier à sa juste valeur.

8,5/10

 

Luc Schweitzer