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SUR LA LIGNE

un film d’Andrea Sedláčková.

C’est avec bien du talent que la cinéaste Andrea Sedláčková, jusqu’ici monteuse, réalise son premier film, nous livrant une approche saisissante de la Tchécoslovaquie des années 80 et, tout particulièrement du milieu sportif.
Pour le système communiste encore en place dans ces années-là, rien ne compte que de faire triompher ses athlètes. Il faut montrer au monde que le communisme produit des champions et peu importe le prix à payer. Anna, repérée pour ses qualités sportives, est l’une de celles qui doivent en subir les conséquences. Prise en charge par un « médecin » sportif, elle est sommée de se plier à la règle, c’est-à-dire d’accepter des injections quotidiennes d’un produit censé augmenter et fortifier la masse musculaire, et de se taire.
Anna, contrainte et forcée, accepte, au moins dans un premier temps, ce diktat, d’autant plus que non seulement son entraîneur mais sa propre mère se font les complices de ce système. En fait, et c’est l’un des grands points forts de ce film que de le souligner, tout le monde, ou presque, se trouve pris, d’une manière ou d’une autre, dans un piège. La mère d’Anna, pourtant « coupable » d’aider un écrivain rebelle au régime en place, coopère d’assez bonne grâce lorsqu’il s’agit d’injecter un produit dopant à sa fille, mais tout en rêvant pour cette dernière d’un triomphe aux Jeux Olympiques et d’une émigration à l’ouest (où elle rejoindrait son père déjà parti).
Que faire? Quelles décisions prendre? Anna rêve d’être championne, elle aussi, mais pas en y laissant sa santé. A travers le prisme du sport, c’est tout un monde heureusement révolu qui renaît sous nos yeux, un monde pesant, terrifiant, un monde glacé et pervers où chacun est sollicité pour se faire l’espion d’autrui et où tout concourt à la destruction des individualités. Malgré une mise en scène un rien trop sage, Andrea Sedláčková a parfaitement réussi à recréer ce monde-là, pas si ancien, en s’appuyant sur des acteurs et actrices tous et toutes excellents!

NOTE: 8/10

Luc Schweitzer