un film de Luc Besson.
Décidément, du côté du cinéma, pour ce qui me concerne, voici venu le temps des surprises ! Après Christopher Nolan dont j’ai, pour la première fois, apprécié un film (« Dunkerque »), c’est au tour de Luc Besson, un cinéaste pour lequel je n’ai jamais eu une grande admiration, de m’émerveiller ! Peut-être est-ce parce qu’il a cherché son inspiration du côté de ses souvenirs d’adolescence, lorsqu’il dévorait avec fièvre les albums de bande dessinée de science-fiction imaginés par Christin et Mézières ? Où peut-on trouver meilleure source d’inspiration que dans ses enthousiasmes d’enfant puis d’adolescent ? Toujours est-il qu’en l’occurrence Luc Besson a mis tout son savoir-faire pour la réalisation d’un film spectaculaire et fascinant.
Les deux agents spatio-temporels Valérian (Dane DeHaan) et Laureline (Clara Delevingne) évoluent dans des mondes et des environnements on ne peut plus extraordinaires : que ce soit Alpha, la métropole spatiale qui a accueilli au fil des âges des individus issus de toutes les contrées de l’univers, ou le Big Market, une ville qui n’apparaît qu’à ceux qui portent des lunettes spéciales, ou encore la planète Mül qui, avant qu’elle ne soit détruite, était peuplée par de superbes « sauvages » aux corps androgynes, les Pearls… Tout est surprenant, tout est ensorcelant ! Même ceux qui ne jurent que par la série des « Star Wars » seront, je le suppose, subjugués ! Luc Besson n’a pas lésiné sur les moyens : les nombreux effets spéciaux sont bluffants et l’inventivité n’y a pas de bornes. Quant aux acteurs, même s’ils ne sont pas débordants de charisme, ils ne déméritent nullement (surtout Clara Delevingne qui est parfaite). Le spectacle est total et il est éblouissant !
Pour ce qui est du scénario, on peut certes le trouver quelque peu naïf, voire enfantin. Les auteurs de BD ne s’encombrent généralement pas d’énormément de subtilités et Luc Besson est resté fidèle à cet esprit. Néanmoins, on peut relever quelques bonnes surprises, même sur ce plan-là. La planète Mül, dont j’ai déjà parlé, avec ses habitants heureux et pacifiques, évoque un paradis d’avant la chute, celle-ci survenant brusquement de l’extérieur, d’une bataille spatiale qui y envoie le désastre et la destruction. Le livre de la Genèse ne nous l’enseigne-t-il pas ? Initialement, le mal ne survient pas du dedans, mais plutôt du dehors. Quant à Valérian et Laureline, s’ils se chamaillent tout au long du film, c’est, entre autres, parce qu’il est question de leur éventuel mariage. C’est le premier qui le propose à sa compagne, mais pour celle-ci cela ne pourra se concrétiser que lorsque Valérian aura appris à aimer vraiment, au plein sens du mot. On peut remarquer, à ce sujet, que c’est la femme qui fait découvrir à l’homme ce que c’est qu’aimer en vérité, ce qui, j’en suis persuadé, ne manque pas de pertinence. Enfin, dans ses scènes ultimes, le film met en balance l’obéissance aux règlements et aux procédures d’une part, et la générosité et la bienveillance d’autre part. Terrible dilemme qui, fort heureusement, se résout par la victoire de l’altruisme plutôt que par celle de la loi. Comme nous ferions bien de tous nous en inspirer !
On le voit, même dans un film de ce genre, dont l’ambition première est le divertissement, peuvent se glisser des moments d’intelligence et de bon sens. Luc Besson ne s’est pas contenté de fabriquer un film impressionnant du point de vue de l’image, il a su aussi y mettre de l’esprit !
NOTE: 8/10
Luc Schweitzer, ss.cc.